Comment rendre
fécond le temps de l’avent quand la vie elle-même n’est plus qu’une longue
attente ?
Pour
les chrétiens, le temps de l’avent est fécond. Mais qu’en est-il en
prison ?
L’attente
est productrice de sentiments très opposés : déception, apaisement, excitation
et même douleur menant au suicide. En tout cas, elle est omniprésente. Une
maison « d’arrêt » porte bien son nom, car effectivement tout s’arrête
et, dès lors, on y attend en permanence quelque chose ; cette attente n’est
pas forcement stérile si elle est faite d’un cours prouvant qu’on est capable d’apprendre du sport qui redonne une
dignité, d’une permission de sortie. Quel bonheur, par exemple, lorsqu’un homme
reçoit une lettre d’une fille quittée à l’âge de 2 ans, et, qui a 22 ans, se
manifeste pour renouer des liens ! Cette joie immédiate donne l’espérance
d’une autre joie. En son temps, les gens demandèrent des signes à Jésus. Les
personnes détenues aussi, de manière très incarnée, attendent des signes
(lettres, visites, gestes de solidarité) qui les font tenir dans l’attente.
De quelle attente particulière est porteur l’aumônier ?
Personne détenue attend qu’on la relie au
monde extérieur et qu’on la délie de l’image qu’elle pense représenter pour la
société, les autres et parfois elle-même.La croix rappelle Véronique
Margron, «ne choisit pas entre deux parts
d’humanité »[i]. Jésus
se tient au centre de l’humain, car Dieu aime tout homme. Nous rôle, dans
l’accompagnement des personnes détenues, est d’abord d’être là, d’couter, puis,
lorsque c’est possible, de relire avec elles leur histoire et de s’appuyer sur
ce qui est beau, bon, solidaire pour que la personne retrouve d’elle-même un
visage d’humanité. Les repères qui leur ont manqué, sur quoi elles ont
dérapé-le délit en lui-même-ne nous intéressent pas. Il arrive qu’on ne leur
ait jamais dit : « je te fais confiance » ou « ce que tu me
dis, c’est beau ».
Ce chemin de réconciliation est-il long ?
Il
faut du temps pour convertir un cœur, pour que des personnes avancent sur le
chemin de vérité. Puisqu’au fond, nous sommes tous prisonniers de quelque chose
et l’attente vécue en commun change autant le regard de la personne détenue que
celui de l’aumônier. Au final, ce sont deux personnes qui se convertissent.
KELO SERO
[i] Religieuse dominicaine, ancienne doyenne de la faculté de Théologie de
l’Université catholique de l’Ouest