samedi 8 décembre 2012

NOUS MARCHONS TOUS SUR UN CHEMIN DE LIBERATION



Comment rendre fécond le temps de l’avent quand la vie elle-même n’est plus qu’une longue attente ?

Pour les chrétiens, le temps de l’avent est fécond. Mais qu’en est-il en prison ?
L’attente est productrice de sentiments très opposés : déception, apaisement, excitation et même douleur menant au suicide. En tout cas, elle est omniprésente. Une maison « d’arrêt » porte bien son nom, car effectivement tout s’arrête et, dès lors, on y attend en permanence quelque chose ; cette attente n’est pas forcement stérile si elle est faite d’un cours prouvant qu’on est  capable d’apprendre du sport qui redonne une dignité, d’une permission de sortie. Quel bonheur, par exemple, lorsqu’un homme reçoit une lettre d’une fille quittée à l’âge de 2 ans, et, qui a 22 ans, se manifeste pour renouer des liens ! Cette joie immédiate donne l’espérance d’une autre joie. En son temps, les gens demandèrent des signes à Jésus. Les personnes détenues aussi, de manière très incarnée, attendent des signes (lettres, visites, gestes de solidarité) qui les font tenir dans l’attente.
De quelle attente particulière est porteur l’aumônier ?
 Personne détenue attend qu’on la relie au monde extérieur et qu’on la délie de l’image qu’elle pense représenter pour la société, les autres et parfois elle-même.La croix rappelle Véronique Margron, «ne choisit pas entre deux parts d’humanité »[i]. Jésus se tient au centre de l’humain, car Dieu aime tout homme. Nous rôle, dans l’accompagnement des personnes détenues, est d’abord d’être là, d’couter, puis, lorsque c’est possible, de relire avec elles leur histoire et de s’appuyer sur ce qui est beau, bon, solidaire pour que la personne retrouve d’elle-même un visage d’humanité. Les repères qui leur ont manqué, sur quoi elles ont dérapé-le délit en lui-même-ne nous intéressent pas. Il arrive qu’on ne leur ait jamais dit : « je te fais confiance » ou « ce que tu me dis, c’est beau ».
Ce chemin de réconciliation est-il long ?
Il faut du temps pour convertir un cœur, pour que des personnes avancent sur le chemin de vérité. Puisqu’au fond, nous sommes tous prisonniers de quelque chose et l’attente vécue en commun change autant le regard de la personne détenue que celui de l’aumônier. Au final, ce sont deux personnes qui se convertissent.
                                                                     KELO SERO


[i] Religieuse dominicaine, ancienne doyenne de la faculté de Théologie de l’Université catholique de l’Ouest

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