Après
observation de l’attitude de certains détenus ici à Ecrouves lors des parloirs,
j’ai eu plusieurs sentiments selon que les uns et les autres se comportaient
avant le parloir, pendant le parloir, et après le parloir. Et voici ma
proposition :
Un parloir de
plus dans la semaine
Toi qui es heureux d’avoir des parloirs,
Toi qui serais
heureux d’en avoir mais qui n’en a jamais,
Toi qui trouve
que le temps passe trop vite au parloir
Toi qui ne sais
pas ou qui ne sais plus quoi dire au parloir
Toi qui sais ce
que s’est d’avoir un parloir fantôme
Toi qui a
parfois les larmes aux yeux en quittant le parloir
Toi qui déprimes
et pour qui le parloir ne fait qu’augmenter la solitude,
TU AS UN PARLOIR DE PLUS AVEC DIEU !
Bizarre,
mais c’est pourtant bien ce que propose l’aumônier en t’invitant à participer à
la messe.
Quel
que soit ton délit ou bien ton crime, que tu sois innocent ou coupable, Dieu
s’en moque. Ce qui l’intéresse c’est ce que tu es et pas ce que tu as pu faire
ou ne pas fait. Tu ne risques rien, plutôt tu risques simplement de découvrir
un Dieu différent de celui que tu imagines, un Dieu qui t’aime, d’abord, et
sans condition. Il s’agit simplement d’accepter de le rencontrer, comme à un
parloir.
Pas
de risque de parloir fantôme, il est toujours présent au rendez-vous car nous
sommes à plusieurs et il nous a dit : « là où deux ou trois sont réunis
en mon Nom, je suis au milieux d’eux », ensuite, il est présent dans les
lectures qui sont lues à haute voix, car elles sont sa Parole ; et enfin
il est présent dans l’Eucharistie, c’est-à-dire dans le pain (hostie) et le vin
qui sont devenus son corps et son sang, et il propose même de se faire plus
proche encore grâce à la communion.
Bien
sûr, si nous sommes d’abord invités à l’écoute et lui parler collectivement
lors des lectures et des prières ou des chants, nous pouvons aussi l’écouter et
lui parler individuellement, des temps de silence nous sont proposés pour cela,
mais on peut le faire aussi quand on veut.
Note
que, par la prière qui s’appelle communion des saints, tu pourras te rendre
proche des personnes que tu aimes ainsi que de celles que tu aimes toujours
mais qui sont décédées.
Avec
lui, tu n’as pas à faire semblant de bien aller ou d’avoir le moral comme avec
quelqu’un de ta famille ou un ami, car lui, il connait le fond de ton cœur. Tu
peux lui parler, il est capable de tout entendre : les paroles d’amour et
de reconnaissance comme les paroles de révolte et de désespoir. Tu peux aussi
le laisser parler, il parlera à ton cœur tout le temps où tu accepteras de lui
laisser la place.
Il
a tout connu jusqu’à la trahison d’un ami, un procès truqué, bâclé et sans
avocat, une condamnation à mort sans possibilité de faire appel, et la mort par
le supplice de la croix. Cette mort était la plus cruelle et la plus indigne
qui soit puisque c’était celle qui était réservé aux grands bandits.
Après
cela, s’il dit combien il aime chacun de nous sans y mettre aucune condition,
et combien chacun quel qu’il soit a du prix à ses yeux,…. On peut le croire.
Et
maintenant, imagines-tu refuser ce parloir, imagines-tu ne pas accepter de le
rencontrer au moins une fois par semaine, quelque qui t’aime autant ?
Le
lieu de ce parloir, c’est la chapelle ou tout autre lieu pieux et calme.
Jour de ce parloir c’est selon qu’il te
convient.
Et
l’heure de ce parloir tu peux te la fixer toi-même.
Bon
parloir à tous !
KELOSERO
*Cette reflexion est est celle d'un de nos frère actuellement aumonier de prison en Lorraine et qui a bien voulu partager sa méditation avec les lecteurs de notre blog. Puisse cela nous aider à vivre pleinement notre montée vers pâques en priant pour toutes les personnes privées de liberté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire